Cartelle Mateky est chargée de recrutement à l’Institut Nemo. Sa mission : aider les jeunes à trouver leur voie, leur donner les moyens de réussir et surtout les préparer au monde du travail parfois semé d’embûches. A travers ce témoignage, Cartelle revient sur son propre parcours, les opportunités qu’elle a pu rencontrer, les déceptions et les challenges qu’elle a su surmonter pour au final être en capacité aujourd’hui de transmettre son expérience et sa combativité aux étudiants Nemo qu’elle accompagne.
Bonjour Cartelle, racontez-nous un peu votre parcours académique ?
J’ai commencé avec un parcours scolaire classique, j’ai tout d’abord obtenu un BEP Sanitaire et Social et je me suis par la suite orientée vers un cursus général qu’on appelait à l’époque “une première d’adaptation”. Malheureusement, je ne trouvais pas de place dans les lycées, malgré toutes mes demandes et celles que ma mère avait faites à l’époque. Suite à cela, je suis partie en vacances aux Etats-Unis, vacances qui se sont finalement transformées en huit ans de séjour.
À l’étranger, j’ai suivi des cours d’anglais en cours du soir, mais j’ai également travaillé en tant que caissière dans une station essence avant de passer manager, en parallèle je suivais des cours pour devenir infirmière, études que je n’ai pas pu poursuivre car je suis tombée enceinte de mon fils. J’ai donc continué à exercer à plein temps, Malheureusement, peu de temps plus tard, l’entreprise fut rachetée , j’ai dû subir un licenciement économique. Je suis donc revenue en France avec mon fils pour me rapprocher de ma famille et réfléchir à l’étape suivante.
Étant bilingue , je pensais trouver facilement un emploi, je n’avais pas le bac et je me suis vite aperçue que mon BEP ne m’ouvrirait aucune portes. Je revenais d’un pays où l’expérience vous permet d’accéder à des postes « intéressants » à un pays où la culture du diplôme est ridiculement importante. J’ai donc tout repris à zéro, j’ai passé des tests à la Sorbonne, que j’ai réussi, et qui m’ont donné accès aux cours du soir pour passer le DAEU, diplôme d’accès aux études universitaires. Une fois le diplôme en poche,. Et quitte à repartir de nouveau de zéro, autant me lancer dans tout autre chose.
Vers quel domaine vous êtes-vous finalement orientée ?
J’ai décidé de commencer un BTS Assistante de Gestion en alternance mais j’ai eu beaucoup de mal à trouver une entreprise, à l’époque, j’avais une trentaine d’années. J’ai finalement trouvé mon employeur, un laboratoire d’analyses biologiques avec qui je suis restée pendant les deux ans de mon BTS en tant que chargée de Mission.
Malheureusement, je n’ai pas obtenu mon diplôme du premier coup. Je me suis quand même inscrite en Licence RH l’année suivante et j’ai repassé mon BTS en candidat libre. Je faisais alors mon alternance en Licence et Master 1 au sein même du CFA dans lequel j’étudiais, l’ISCG. J’intervenais sur toute la partie gestion du personnel mais également les relations entreprises et commerciales.
J’ai effectué ma 2ème année de Master au sein d’un bailleur social, le Groupe Logement Français en tant que chargée de formation. Une belle expérience humaine, j’étais bien entourée. Une tutrice toujours à l’écoute, de bons conseils, elle m’a fourni les bons outils pour que je puisse évoluer. Je me suis un peu ennuyée professionnellement parlant, Je pense que je ne suis pas arrivée au bon moment !
Vos études terminées, quel a été votre parcours professionnel ?
Une fois mon master en poche, je n’ai pas souhaité travailler tout de suite car j’étais à ce moment-là enceinte de mon deuxième enfant. Après mon congé maternité, je me suis remise en quête d’un emploi dans le recrutement et le développement RH que j’ai, une fois de plus, eu beaucoup de mal à trouver. On m’a finalement proposé un poste de Chargée de formation en intérim au sein de Engie où j’organisais les formations de tous les salariés d’Engie de la Côte Ouest de la France et je m’occupais de toute la gestion autour de ces formations. De nouveau, une super expérience humaine mais également professionnelle. C’était très intéressant de voir une nouvelle facette du métier peut-être plus adaptée à ce que j’espérais. Au bout de 6 mois d’intérim, Engie m’a proposé un CDD de 4 mois supplémentaires, que j’ai accepté, avant de repartir en quête d’une nouvelle expérience.
Après de nombreux entretiens, je finis par postuler chez Adecco Groupe et je suis retenue en CDI. Les locaux sont incroyables, le salaire est bon, ma responsable est géniale et le travail me plaît énormément. En effet, il y a du développement RH, une partie commerciale et une perspective d’évolution très intéressante.
Oui mais voilà, nous arrivons en mars et la Covid aussi ! Nous sommes donc confinés et toute l’équipe ne se retrouve en présentiel qu’en juin où on m’annonce que malheureusement je dois partir. Mon collègue et moi avions été recrutés en janvier pour cette nouvelle cette filiale d’Adecco Groupe et, à cause de la crise sanitaire, cette expérience s’est soldée en licenciement.
Et rebelote, me voilà repartie à la recherche d’un emploi. Malgré la difficulté de la situation, je ne me laisse pas abattre et je persévère. Je tombe finalement sur l’annonce de Monsieur Bitane qui recherchait une chargée de recrutement pour l’Institut Nemo et après un entretien je suis retenue et je rejoins l’équipe Nemo en mars 2021. J’arrivais à ce poste assez confiante car mes missions je les connaissais bien, la seule inconnue était le secteur du transport et de la logistique que je découvrais. Cela va faire deux ans que je travaille ici et j’aime beaucoup l’atmosphère dans laquelle j’exerce au quotidien, l’ambiance de travail mais aussi mes relations avec les membres de l’équipe et les apprentis.
En tant que chargée de recrutement, quelles sont vos missions au quotidien ?
Sur la partie recrutement, mon rôle est de contacter les candidats qui font une demande sur notre site internet ou par téléphone, de les recevoir en entretien pour en savoir plus sur leur parcours et comprendre leurs besoins. Ensuite arrive la partie du placement, où je dois les intégrer en entreprise. Ma mission est donc également de démarcher les entreprises pour connaître leurs besoins, le type de profil et de formation recherchés et de les mettre en relation avec les étudiants adéquats. De plus, j’interviens aussi sur le développement de partenariats avec des structures sociales (missions locales, EPIDE, E2C, PLIE, etc.) et avec toutes les personnes qui travaillent régulièrement avec des jeunes.
De par votre expérience du monde du travail, comment accompagnez-vous les jeunes dans leur orientation professionnelle ?
Il est vrai que, de par mon expérience, j’ai une approche un peu différente de l’accompagnement, car je sais que le monde du travail peut être dur et cruel. Tout d’abord, je prends en compte la personnalité du jeune que j’ai en face de moi pour l’orienter au mieux vers ce qui lui correspond. Ensuite, je lui donne des conseils sur l’après, sur comment être attractif auprès des entreprises mais aussi comment se démarquer des autres candidats.
Mais à chaque fois, je pousse le jeune à mettre en avant ses qualités et à faire de ses faiblesses une force.
Qu’est ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Ce qui me plaît le plus dans mon métier : le placement, et plus particulièrement celui des jeunes en CAP ou TP4 car ce sont souvent des étudiants qui sont seuls, qui n’ont pas le soutien d’une famille derrière eux et qui sont parfois livrés à eux-mêmes. De pouvoir les aider et les accompagner dans leur insertion professionnelle, cela a une signification très profonde pour moi et c’est ce qui fait le plus de sens dans mon métier.
Enfin, le second point que j’affectionne le plus : créer des partenariats avec de nouvelles structures, le fait d’échanger avec des personnes qui viennent d’horizons différents que ce soit les élèves, mes collègues ou même mes clients, développer le label qualité NEMO dans d’autres territoires.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui rencontre des difficultés dans ses candidatures ?
Quand un étudiant vient me voir en me disant que ses entretiens ne donnent rien, j’essaye toujours de le rassurer. Peut-être que l’entreprise n’était pas faite pour lui tout simplement ? Ensuite, je propose d’analyser les réponses qui ont été données à l’employeur, pour voir ensemble les points bloquants et proposer des solutions et axes d’amélioration car parfois, en étant trop stressés ou trop timides, nous pouvons être nos propres saboteurs.
Mais s’il y a bien un conseil que je donne à chacun de mes étudiants, c’est d’être persévérant car une recherche d’emploi, ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Alors certes, certains vont décrocher un job très rapidement, pour d’autres ça mettra plus de temps. Il faut s’accrocher, croire en soi et ne pas baisser les bras !